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Le groupe Prévoir assume son indépendance
La compagnie d’assurance, qui a dégagé un bénéfice de plus de 50 millions d’euros en 2022, se tient loin des fonds ou des autres assureurs qui pourraient vouloir entrer au capital.
Publié le 6 juin 2023 à 21:00 - Maj 7 juin 2023
C’est une société discrète, mais réglée comme une horloge. Le groupe d’assurance Prévoir, appartenant à 70% à quatre familles et 27% à ses salariés ou anciens salariés, vient de publier un résultat net de 51,7 millions d’euros au titre de 2022, en hausse de 5,1% par rapport à 2021. La société, créée en 1910 et qui autofinance sa croissance, est de petite taille pour le secteur, mais bien capitalisée. Avec 790 millions d’euros de capitaux propres, son ratio de solvabilité se monte à 245%, un chiffre très comparable à celui de 2021.
L’une des particularités du groupe tient à son indépendance. Quelques repreneurs se sont intéressés à la société dans les années 2000, mais sans succès. Elle se tient aujourd’hui loin des opérations capitalistiques qui animent le secteur de l’assurance. Pourtant, les valorisations dernièrement observées ont de quoi faire réfléchir. A la fin de l’année 2022, le courtier April – qui travaille avec le groupe Prévoir - a, par exemple, été repris par KKR sur une valeur d’entreprise de 2,3 milliards d’euros. Sur la base de ses résultats, Prévoir pourrait être valorisé près d’un milliard d’euros. Mais sa structure capitalistique refroidit les acquéreurs potentiels, y compris les plus voraces. Un pacte d’actionnaires réunissant plus de 50% du capital lie en effet les familles qui détiennent la société.
Le groupe compte donc appliquer sa stratégie originelle sans dévier. «Nous sommes positionnés sur une clientèle d’épargnants populaires», déclare Patricia Lacoste, présidente du groupe. Les clients disposent, en moyenne, de revenus de deux Smic par foyers, pour des portefeuilles moyens de 5.000 à 10.000 euros. Prévoir tire près de 60% de ses résultats de ses activités d’assurance, soit près de 30 millions d’euros. Deux tiers de cette somme provient de l’assurance non-vie, comme la prévoyance ou la dépendance, et un tiers environ de l’assurance vie. L’activité d’assurance reste la plus importante du groupe, avec 1.400 de ses 1.700 salariés qui y sont dédiés. La commercialisation des produits est à 80% assurée par son réseau de commerciaux «debout», au nombre de 720 au total.
Le fonds en euros résiste au Livret A
En adéquation avec son positionnement sur une clientèle peu encline au risque, le groupe vend très peu d’unités de compte, les contrats étant à 99% constitués de son fonds en euros. Pour l’heure, la remontée des taux du Livret A ne constitue pas une menace. «Nous ne constatons actuellement pas de sorties de nos contrats d’assurance vie», assure la présidente. Et ce, même si le fonds euro de Prévoir a distribué 1,9% au titre de 2022, contre un taux du Livret A présentement à 3%. L’assureur a doté sa provision mathématique pour pouvoir augmenter le rendement servi cette année.
La Holding Prévoir, société mère de tout le groupe, apporte une contribution nette de 17 millions d’euros, notamment avec la gestion pour compte propre d’un portefeuille composé d’actions et d’immobiliers. Enfin, la gestion d’actifs, avec des encours de 4,5 milliards d’euros, dont 10% pour compte de tiers, a rapporté 4,5 millions d’euros en 2022.
Indépendance et autofinancement ne veulent pas dire que le groupe ne surveille pas les opportunités qui peuvent se présenter sur le marché. «Aucune acquisition n’est à l’ordre du jour», déclare Patricia Lacoste, «mais si un dossier se présente, nous le regardons». Ainsi, après avoir racheté le courtier digital AssurOne en 2019, le groupe avait examiné de près le dossier Axéria Prévoyance cédé finalement par April à Malakoff Humanis en 2020. Prévoir avancera cependant à son rythme. Présent en France, au Portugal et au Vietnam, il n’est pas question pour l’heure d’élargir son périmètre géographique. Une gestion «en bon père de famille» revendiquée par les actionnaires.